La joueuse de handball Angela Zürni en pleine action. Copyright : Valentín Glz. de Garibay

Commotion cérébrale au handball: à en perdre la tête

Vous recevez un choc à la tête et voilà que vous ressentez une douleur diffuse, la lumière devient tout à coup aveuglante et le sol vacille sous vos pieds. Mais que vous arrive-t-il? Il s’agit de symptômes d’une commotion cérébrale, un cas qui est loin d’être rare au handball. Découvrez le témoignage d’une joueuse concernée.

   Tout simplement

Angela a reçu un ballon au visage pendant un match de handball.
Elle a eu mal à la tête très longtemps.
On appelle cela une commotion cérébrale.
Aujourd’hui, Angela parle aux gens de sa commotion cérébrale.
Quand on reçoit un coup à la tête, il faut se reposer. Et voir son ou sa médecin.

Handballeuse professionnelle, Angela Zürni évolue dans le club espagnol Aula Valladolid. En 2018, âgée de 21 ans, elle reçoit un ballon en plein visage au cours d’un match. Cet incident, en apparence banal, va mettre la vie de la jeune athlète sens dessus dessous. «Le tir n’était pas particulièrement violent et ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. Au handball, on reçoit parfois une balle ou un coup à la tête», explique-t-elle. Malgré la douleur qui l’assaille, elle serre les dents et continue de jouer, comme on lui a appris à le faire. Elle reste donc sur le terrain... et c’est là que son calvaire commence.

 

«Je pensais que c’était normal»

Les mois qui suivent, elle souffre de violents maux de tête, est prise de vertiges et ne sait pas trop ce qui lui arrive. La lumière du soleil et les bruits environnants l’agressant et exacerbant ces symptômes, elle reste enfermée chez elle des journées entières. «Pour mon médecin, pas de doute, c’était une forte commotion cérébrale. Mais je n’avais pas pris mes troubles au sérieux et je l’ai donc consulté très tard. Car, tout comme mon entourage, je n’avais pas réellement conscience des enjeux», raconte Angela. «Je pensais que c’était normal dans le sport de compétition.»

 

Sa mission: sensibiliser les athlètes

Il a fallu près de deux ans à Angela pour se remettre complètement de sa commotion cérébrale. «Ce n’est qu’après tout ce temps que j’ai pu reprendre mes études et retourner sur le terrain de handball.» «En discutant au fil des ans avec d’autres joueurs et joueuses, j’ai réalisé que je n’étais pas la seule dans cette situation. Beaucoup ont vécu la même chose que moi et leurs récits se ressemblent de manière troublante. J’ai alors compris qu’il était nécessaire de parler des commotions cérébrales dans le sport. Il faut informer les athlètes, les coachs et tout le milieu sportif. Aujourd’hui, je n’ai plus de symptômes et je partage mon histoire. C’est ma mission personnelle de faire la lumière sur ce sujet.»
Je n’étais pas la seule dans cette situation.
Angela Zürni, joueuse professionnelle de handball à l'Aula Valladolid en Espagne
Angela Zürni est joueuse professionnelle de handball.

Un grand nombre de joueurs et de joueuses victimes d’une commotion cérébrale

L’expérience d’Angela sert d’exemple à beaucoup de handballeurs et handballeuses concerné·es.

Sophie Strupler, joueuse en Swiss Premium League, sait ce que c’est de subir une commotion cérébrale. En 2022, lors d’un match de championnat, elle heurte de plein fouet une joueuse adverse. Un choc qui laissera longtemps des séquelles. Elle aussi a attendu trop longtemps avant de consulter un·e médecin et a continué ses activités malgré les douleurs. «J’ai payé un prix très élevé d’avoir ignoré mes symptômes au début. Ça me servira de leçon à l’avenir.» Aujourd’hui, elle joue de nouveau au plus haut niveau au sein du club Spono Eagles et est heureuse d’être de retour sur le terrain.

Fabian Pellegrini, joueur de la Quickline Handball League, a quant à lui eu huit commotions cérébrales au cours de sa carrière. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a mis fin à celle-ci à l’été 2025: «Trop, c’est trop!» Depuis qu’il n’est plus sur le terrain, il transmet son expérience en tant qu’entraîneur de gardien·nes de but et sensibilise les jeunes joueurs et joueuses.

Milena Kaeslin, joueuse de Swiss Premium League au sein du club DHB Rotweiss Thun, a également dû faire face à une commotion cérébrale: en 2023, elle reçoit une balle en pleine tête. «Personne ne m’a dit que je devais arrêter l’entraînement. J’ai simplement décidé moi-même que ce n’était pas si grave et j’ai continué à m’exercer.» Après une longue période de souffrance et d’innombrables thérapies, elle a repris petit à petit le cours normal de sa vie, d’abord au travail, puis dans le handball. Elle souligne également le risque d’isolement social: «Les commotions cérébrales t’éloignent non seulement du terrain, mais aussi souvent de ton environnement social; on se retrouve soudain isolé·e.»

Joline Erni, joueuse au sein du GC Amicitia Zürich et ancienne membre de l’Académie de handball CONCORDIA, a également dû lutter contre les séquelles d’une commotion cérébrale. Elle n’a cependant jamais baissé les bras et est maintenant de retour sur le terrain. Pour elle, il était particulièrement éprouvant que les symptômes passent souvent inaperçus: «Les gens autour de vous ne se rendent pas compte de ce qu’il se passe. Ils n’ont pas vu que je n’avais pas fait d’entraînements pendant des mois et que mon quotidien n’était pas normal. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux et je suis intégrée normalement dans le processus de jeu. Mon message: il vaut la peine de se battre et il est possible de rejouer au handball.» Sa première convocation en équipe nationale A en 2025 le confirme et représente en même temps la récompense méritée de sa persévérance.

Mike Felder, ancien handballeur professionnel et actuel co-entraîneur de Stäfa en Quickline Handball League, lance un appel à l’ensemble des joueurs et joueuses et raconte son histoire: «En 2016, j’ai reçu une boule de billard sur la tête.» À ce moment-là, je venais de signer mon premier contrat professionnel dans la plus haute ligue danoise et je ne voulais en aucun cas manquer la préparation de la saison. Ainsi, malgré des symptômes persistants tels que des maux de tête et des problèmes aux yeux, je me suis entraîné avec ma nouvelle équipe. Mais les symptômes se sont aggravés. Pendant six mois, je me suis battu à raison d’antidouleurs et d’adrénaline pour suivre la routine du championnat, jusqu’à ce que mes parents finissent par tirer la sonnette d’alarme. Je suis revenu en Suisse pour suivre un traitement. Mon message à tout le monde: prenez vos symptômes au sérieux, faites une pause et faites-vous soigner! On accorde justement trop peu d’attention aux problèmes psychiques.»

 

Collisions, chutes et vitesse

Sport particulièrement physique, le handball comporte des risques de blessure élevés. Durant ses recherches, Angela Zürni s’est également intéressée de près aux chiffres: «Selon des études, environ un quart des joueurs et joueuses subissent au moins une fois une commotion cérébrale. Il y a des collisions avec les adversaires ou les poteaux de but ou des chutes au sol. Les gardien·nes de but sont exposé·es à un risque particulier, car ils et elles repoussent des lancers d’une vitesse supérieure à 100 km/h sans équipement de protection.»

 

Commotion cérébrale: une blessure sportive comme les autres?

Contrairement à d’autres blessures sportives fréquentes dans le handball, comme celles au genou, à l’épaule ou à la cheville, le diagnostic d’une commotion cérébrale est plus difficile. Car il s’appuie le plus souvent sur des symptômes pouvant fortement varier d’une personne à l’autre. Il arrive même qu’ils n’apparaissent que quelques jours après l’incident. «Dans le sport professionnel, la peur des périodes d’inactivité est également grande, ce qui explique que de nombreuses personnes concernées ne prennent pas leurs symptômes au sérieux, ne les signalent pas et reprennent l’entraînement trop tôt», explique Angela.

 

Quand les symptômes persistent

Enchaîner les entraînements sans faire de pause ou, comme dans l’histoire d’Angela, continuer simplement à jouer en ignorant ses troubles, peut avoir de graves conséquences sur la santé. La plupart du temps, les symptômes diminuent en l’espace de quelques jours ou semaines.

Angela n’aurait jamais imaginé qu’elle devrait se battre pendant deux ans pour retrouver sa vie d’avant. C’est pourquoi il lui tient à cœur d’informer sur les commotions cérébrales dans le sport. «L’entourage des sportifs et sportives en sait trop peu sur les commotions cérébrales.» En particulier, les conséquences qu’elles ont sur la santé si on ne les prend pas au sérieux. Il n’y a pas de honte à se mettre un temps au repos, même dans le sport de haut niveau. Notre santé est le bien le plus précieux et il ne faut pas la négliger.»

 

 Que faire en cas de suspicion de commotion cérébrale?

Le danger ne guette pas uniquement les sportifs et sportives. En effet, recevoir un coup à la tête ou à la nuque peut arriver à tout le monde. En cas de suspicion de commotion cérébrale, le service téléphonique de conseils en santé de CONCORDIA, concordiaMed, informe 24 h sur 24 sur les bons réflexes à avoir. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de se reposer et de consulter un·e médecin.

  • En cas de coup violent à la tête ou à la nuque, interrompez immédiatement toute activité sportive.
  • Consultez rapidement votre médecin pour déterminer s’il s’agit d’une commotion cérébrale –  même en l’absence de symptômes «visibles» ou de blessures.
  • Reposez-vous et évitez les efforts physiques ou psychiques, selon les recommandations de votre médecin.
  • Surveillez attentivement l’évolution et l’intensité des symptômes.
  • Ne reprenez vos entraînements physiques que lorsque votre médecin vous y autorise, en augmentant progressivement l’effort.
concordiaMed – Services de conseils en santé 24 h/24
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